Dans la trousse d'Hélène

Publié le 1 Juin 2022

Chez nous, la table de la salle à manger porte mal son nom.

Elle a plus souvent servi de table de travail.

Le soir et les jours de repos, je m’y installais pour corriger mes copies. Et comme je n’aimais pas rester seule, je demandais à l’un de mes enfants de venir y travailler aussi à mes côtés. Hélène étant la dernière étudiante, c’est donc elle qui s’y collait.

Elle arrivait avec son PC, ses notes et…..sa trousse.

Ou plutôt, ses trousses.

Car, en effet, Hélène en avait plusieurs.

 

Et ce qu’elle détestait, c’était qu’on fouille dedans ou même, qu’on lui emprunte son matériel.

Et elle s’activait, lisait, surlignait, changeait de couleur. Sérieuse et absorbée par sa tâche : je me régalais à l’observer jusqu’à ce qu’elle en ressente la pression.

Lorsqu’elle ne s’exaspérait pas assez vite, je prononçais LES phrases qui servaient de détonateur.

Elles se déclinaient toutes sur le même thème : ses crayons.

« Dis, Tite, ils marchent bien tes crayons ?»

« Dis, Tite ; tu m’ prête ton stylo rouge ? »

« Bon, le rôse alors ? »

 

Et elle râlait.

Et elle soufflait.

Et elle refusait .

 

Maintenant qu’elle n’est plus là pour faire barrière, j’ai accès à ce saint Graal : la trousse d’Hélène.

J’en ai retrouvé 3. Rien que ça.

Je n’y ai pas touché. Simplement regardé.

Ses superbes stylos se dessèchent tristement.

Il faudra bien un jour que j’y fasse le ménage. Mais pour l’instant, je préfère en faire l’inventaire.

 

Commençons par la trousse en cuir :

 

 

-des stylos qui ne fonctionnent plus.

-Des stylos vides. (Pourquoi les gardait-elle ?)

-Un stylo au nom de Mélissa.

 

-De vieux crayons de papier, diminués de moitié à force d’être taillés, avec une gomme au bout dont il ne reste rien. C’est certain, ils ne sont pas à elle. C’est le genre de « crayons  de bois » qui trainaient, coincés entre deux pages de mots croisés chez Marcelle.

 

 

- Une lime à ongle en carton dans la trousse... je sais qu’elle tient ça de sa mère.

 

 

-Une gomme à deux couleurs : ça aussi, ça sent le vieux, la génération d’au-dessus : des grigris ?

-Et puis, une gomme, plus récente, et gribouillée de partout.

 

 

Tout est propre, soigné.

Et au milieu de ce mélange bien entretenu, ce petit mot.

 

ça en dit long, une trousse.

Rédigé par latitevadrouille

Publié dans #Un peu d'Elle N.

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N
Beaucoup d'émotions en lisant ces mots... Je me souviens de ses stylos papermate de toutes les couleurs : une couleur différente pour chaque niveau de titre, parfois elle en changeait même à chaque mot... Je me souviens beaucoup me "moquer" d'elle à ce sujet, c'était sa marque de fabrique ! À la rentrée 2020, j'ai décidé de réinvestir mes propres stylos papermate sur mes notes de cours, ils ne quittaient pas ma trousse et j'y trouvais beaucoup de réconfort, comme si elle m'accompagnait, je reprenais le flambeau. Le vert reste mon préféré...<br /> <br /> Le petit mot est de moi : un après-midi en cours d'histoire (ou de maths ?), je sentais que ça n'allait pas, alors, faute de pouvoir aller la réconforter directement, je lui ai glissé cette petite note discrètement. Elle a esquissé un sourire et c'était tout ce qu'il me fallait. Je suis bien émue qu'il ait continué de l'accompagner. Je crois que ce simple petit mot, qui semble anecdotique, a aidé à forger notre amitié et cet esprit de sororité auquel on tenait beaucoup.
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M
Et bien voilà le petit mot déniché,<br /> Sorti de l oubli.<br /> Quant aux stylos Papermate, ils méritent bien une prochaine photo....c est une autre trousse; une autre histoire.<br /> <br /> A très bientôt Noémie.