23 ans

Publié le 26 Janvier 2023

23 ans,

 

Il y a 23 ans, à 18h18, Hélène est née.

Déjà belle, douce et potelée.

Dans ces premiers temps, elle a été surnommée: " la p'tite cerise".

Elle était en effet, la cerise sur le gateau: déjà une fille et un garçon, Hélène était ce petit plus, attendu avec plaisir.

C'était il y a 23 ans, le 25 janvier 2000, et ce n'était pas, comme on l'entend souvent, le plus beau jour de ma vie.

En 20 ans, Hélène a eu le temps de nous offrir bien d'autres "beaux jours", malgré sa trop courte vie.

La Faucheuse en a décidé autrement et tente, avec un bon succès , de nous transformer cette date en cauchemar. 

Et j'avoue qu'il m'a été bien difficile, hier, de lui tenir tête.

 

 

 

 

De la part de Noémie:

En mars/avril 2022, avec ma mère, nous sommes allées voir le film « Entre les vagues » d’Anaïs Volpé. On me l’avait vendu comme une belle histoire d’amitié féminine. Le synopsis ? « Rêver, foncer, tomber, repartir, rêver encore, et recommencer. Elles ont l’énergie de leur jeunesse, sa joie, son audace, son insouciance. Deux meilleures amies, l'envie de découvrir le monde. Margot et Alma sont inarrêtables, inséparables. ». [spoiler]

Si le début du film nous plonge effectivement dans une histoire d’amitié entre deux filles, Alma et Margot, qui rêvent de devenir comédiennes, et qui font leur début sur les planches, nous sommes rapidement happés par le tourbillon dramatique que leur impose la vie. Nous, spectateur, et Margot, apprenons qu’Alma souffre d’un cancer, et qu’elle l’avait caché à sa meilleure amie, par pudeur et déni, mais aussi pour la protéger. Nous les suivons ensuite dans le combat de la maladie, entre Alma qui tente malgré tout de poursuivre son rêve, et Margot qui tente d’accepter l’inacceptable. C’est une histoire de passionnées, de rêveuses, de battantes. Une histoire qu’elles construisent ensemble par la force de leur amitié. On voit Margot avoir peur, peut-être même plus qu’Alma. Alma qui elle, ne semble jamais perdre espoir.

J’ai eu du mal à rester dans la salle de cinéma, prête à partir, mais c’est en sanglots que j’ai continué, comme hypotonisée par ce que je voyais sur le grand écran. « Enfin », je me disais, quelqu’un qui comprend, une histoire qui nous comprend. C’est nous que je voyais : pas le même contexte évidemment, mais une douleur partagée.

Quand Hélène m’a annoncé sa maladie, son message semblait très réfléchi et rationnel, les mots étaient posés, avec le soucis de ne pas m’inquiéter. Elle m’a expliqué le déroulé de son traitement de façon très méthodique, factuelle.

Je n’ai pas tout de suite réalisé. Je me souviens m’être assise, avoir pleuré, l’annoncer à mon copain, Firmin, qui était là, puis être appelée par ma grand-mère pour aller à la plage. Face à la mer, dans mes pensées, Firmin me demande si je pense à Hélène. Je lui réponds que oui, que je suis inquiète, puis il me dit que lui aussi, que c’est un cancer pas facile, mais qu’elle est courageuse. Et je ne sais pas pourquoi, avant qu’il prononce le mot cancer je n’avais pas réalisé.

Les jours qui ont suivi, vous les connaissez. L’inquiétude quand j’ai vu qu’elle ne répondait plus à nos messages (« mais elle doit être fatiguée, c’est normal »), le message de Mélissa pour nous annoncer le coma, les supplications pour qu’elle se réveille, y croire, fort. Je revois tout distinctement. Après le message très « terre-à-terre » d’Hélène, tout a été plongé dans l’irrationnel.

Ce devait être des vacances d’été normales, comme tant d’autres auparavant. Mais il en a été autrement, elles ont changé nos trajectoires de vie pour toujours.

Et maintenant il faudrait faire avec ? Comment peut-on passer entre les vagues d’un tel séisme ? On s’accroche, comme on peut, aux rochers qu’on trouve par-delà la houle : on lit, regarde et écoute des histoires qui résonnent, qui font du bien, qui déstabilisent, comme celles d’Alma et Margot. On se les partage, on en discute, comme ici, puis on recommence avec un autre film, un autre livre, un autre podcast.

Hélène adorait la culture, elle était très curieuse, alors je m’applique, j’essaie de prolonger ses passions, et ce qu’on partageait de commun. On profite aussi, de ses ami-es, de celles et ceux qui partagent notre quotidien, à qui on se confie et on se plaint, avec qui on pleure, rit et décide de faire la révolution.

Dans Journal de deuil, Barthes écrit à propos de sa mère récemment décédée, « D’une part, elle me demande tout, tout le deuil, son absolu (mais alors ce n’est pas elle, c’est moi qui l’investis de me demander cela). Et d’autre part (étant alors vraiment elle-même) elle me recommande la légèreté, la vie, comme si elle me disait encore : « mais va, sors, distrais-toi… » ».

Elle aurait eu 23 ans, et j’ai dû mal à passer entre cette vague.

                                                                                              Noémie

 

Nous te comprenons tant, Noémie.

Et merci d'exprimer, si bien , ce que je n'arrive plus à retranscrire ces derniers temps. 

Dimanche, nous serons plusieurs, sur notre rocher, à partager une galette, celle qu'elle aimait tant, à tenter de nous accrocher pour continuer.

 

A dimanche.

 

 

 

Rédigé par latitevadrouille

Publié dans #Hommages à Hélène, #Un peu d'Elle N., #Pour se recueillir: cimetière

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