Disaster falls

Publié le 31 Mai 2023

Lire, Ecrire

 

Lire un livre sur le deuil,

ce n'est pas me complaire dans la douleur,

ce n'est pas m'enliser dans la complainte,

ce n'est pas me rassurer du malheur des autres.

 

Lire un livre sur le deuil,

c'est regarder la réalité bien en face,

et malgré tout, 

c'est conserver un filtre,

un intermédiaire, un écran  protecteur

entre la réalité et moi-même,    

c'est m'envelopper de la protection qu'offre l'expérience des autres.

 

 

Ecrire sur le deuil,

c'est écrire pour Hélène,

c'est parler d'elle,

c'est être avec elle, 

autrement.

Autrement qu'en restant plantée benoîtement devant une plaque de marbre.

C'est tenter de faire quelque-chose

de ce deuil encombrant dont je ne voulais pas,

quelque chose de mieux que rien,

quelque chose de mieux que la laideur de cette inlassable et lancinante douleur,

quelque chose de plus beau que cette p...de dalle de marbre que l'on nomme pudiquement " dernière demeure", 

quelque chose de vivant,

un antidote à la réalité,

un autre univers,

une autre manière de voir le monde dans lequel Elle n'est plus pour beaucoup,

alors que pour moi,

elle est là.

 

Ecrire ce sur blog,

c'est tenter de donner un peu de matière

à ma fille dont il ne reste que des cendres,

enfermées dans une urne d'une laideur effroyable,

sous une dalle de marbre gris

comme un jour de cafard.

 

Entretenir ce blog,

c'est conserver un espace qui est à elle,

pour l'y retrouver, à tout moment.

Lorsque sa chambre ne sera plus,

lorsque sa maison sera vendue,

lorsque les traces matérielles de son passage ne seront plus,

il y aura toujours cet espace,

dans l'univers numérique,

avec ma fille qui y a sa place,

ses idées,

ses musiques,

et sa vie

qui continuera au gré  des algorithmes,

à rencontrer des internautes

qui la découvrent comme on découvre une bouteille jetée à la mer.

Entretenir ce blog,

comme entretenir sa tombe,

c'est une manière de couper court à l'amputation,

en consacrant du temps,

de l'énergie,

de l'amour à mon troisième enfant,

parce que j'ai toujours,

trois enfants.

 

Mama Show

 

 

 

Disaster falls

 

De Stéphane Gerson

 

 

Je ne saurais expliquer les raisons pour lesquelles les expériences des autres m'aident tant.

Certainement parce qu'ils rompent la solitude et me laissent la sensation d'appartenir à une grande famille qui se comprend, qui a traversé les mêmes épreuves, qui partage un passé commun, une douleur identique.

C'est qu' elle est, malgré tout, universelle , cette douleur.

Ce qui l'est moins, ce sont les stratégies que nous mettons en place pour la contenir.

 

Quelques jours après la dispartion d'Hélène, nous avons , tous les 4, les 4 restants, été reçus par une psychologue de Lariboisière sensée s'occuper des familles frappées par traumatismes.

Lorsque je lui ai demandé comment nous allions pouvoir faire pour continuer sans Hélène, elle a déclaré qu'il n'y avait pas de solutions. Pourtant, il m'en fallait une. Vivre sans Hélène m'est impossible.

Je me suis ruée sur les livres de la médiathèque abordant le sujet du deuil qui m'ont permis de mettre une stratégie en place: j'ai décidé de continuer à vivre avec Hélène sur ce qui est communément appelé: "Le chemin du deuil".

Sauf que ce chemin ne me mènera pas à l'acceptation. Contrairement à  l'injonction tacite à tourner la page au plus vite, j'ai décidé de rester avec Hélène. Il est inadmissible, dans un pays en paix, en 2023, alors qu'autour de moi, collègues et amis sont toujours les parents de tous leurs enfants, d'accepter le décès de ma fille.

Il me faut donc continuer de vivre avec elle, fictivement, mais effectivement.

Les témoignages des autres me donnent des pistes, des idées, afin de continuer à cheminer sur le chemin du deuil, pour y retrouver Hélène , parler d'elle, raviver des souvenirs, les archiver, ne pas oublier, rechercher le contact disparu et en créer de nouveaux, moins riches, extrémement frustrants mais, modeler un souvenir d'elle est toujours mieux que l'inaction du néant et de l'oubli. Plus juste.

 

Depuis son coma, j'écris, je lui écris, ce que je pense d'elle, lorsque je pense à elle, partout, sur les post it, des carnets, le pc, mon tel. Je ne veux laisser échapper aucune des pensées la concernant. Je note tout, ce que je lui dirais si elle était là, tout. 

Le livre de staphane Gerson me rassure;  ses pensées sont si semblables aux miennes que je me dis que je ne suis pas folle de continuer dans cette voie, à écrire sur elle, à lui consacrer tant de pensées...

https://youtu.be/7TGG3gqWdSc

https://youtu.be/7TGG3gqWdSc


Voici 3 passages du livre de Delphine Horviller

 

Rédigé par latitevadrouille

Publié dans #De l'aide sur le chemin du deuil.

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