A sa place.

Elle  aurait dû être à mes côtés, si ce n'est , à ma place, pour découvrir cette bibliothèque.

Elle était là lorsque j'ai tiré du carton, dans la salle de lecture des archives du Mans, des lettres émanant de plusieurs sages-femmes nouvellement nommées et qui confiaient aux maires du village leurs  difficultés à s'insérer, dénonçant les réticences de la population tandis que d'autres documents, rédigés par des villageois, venaient contrebalancer leurs déclarations.

Elle avait apprécié chacun de ces témoignages, y discernant déjà de quoi alimenter une histoire des femmes et ses propres engagements féministes.

Aujourd'hui, en me plongeant dans la lecture de cette thèse de doctorat sur les sages-femmes à Paris à la fin du XIXème siècle, je me suis sentie comme un poisson dans l'eau, à ma presque place.

Presque!

Parce ce que c'est elle qui aurait dû être là. C'était SA place.

Elle aurait adoré, c'est certain.

Meme les tables sont à sa couleur, d'un beau vert forêt.

Une bibliothèque ouverte à tous et consacrée à l'histoire des femmes.

Une bibliothèque qui possède un fonds d'archives impressionnant.

Aujourd'hui, plus que d'habitude, j'ai ressenti l'absurdité d'être encore là, moi, à SA place.

Aujourd'hui, encore plus que d'habitude, elle m'a manqué.

Déambuler entre les rayons, voir et lire ce qu'elle n'a pas eu le temps de découvrir et d'étudier, c'est prendre la mesure de l'ampleur du gâchis.

Dame Nature est une grosse sal...

Rien ne peut expliquer sa fureur ni son acharnement de cet été 2020.

Aucune loi, rien n'y fait, même pas une hygiène de vie irréprochable, un bel équilibre psychique: sacrée loterie, la vie.

Quelle injustice, quand on mesure la longévité de certaines ordures.

Petite fille mais grande lectrice